Un gévau qui fait mal... même à la tête!

Finalement, et parce que je ne me vois pas ne pas courir, je décide, tout seul, le mercredi soir de prendre le départ... après 12 jours sous antibiotique avec le pied qui a doublé de volume puis retrouvé sa taille normal mais qui reste rouge à cause de l'infection, une plaie qui commence à moins faire la gueule et les urgences pleines à craquer, je rentre chez moi et prend seul la décision d'être sur la ligne de départ de ce 15eme gévau : "Allo Steph, c'est bon on court..."

Tout pile un an que j'ai dit à Steph : "l'an prochain on gagne!" lors de la soirée de remise des prix du gévau 2011... Même si depuis quelques semaines j'ai un peu moins les jambes, la forme de ces derniers mois est belle bien là. Steph quant à lui a fait le métier depuis plusieurs mois et il retrouve quelques peu les sensations des belles années. Malgré tout, la liste des équipes est copieuse à commencer par Dan et Nico tout 2 en pleine bourre : je sais que physiquement je peux être, au mieux, comme Dan alors que Nico est un (très) gros cran au dessus. Bernard et Adri de leur côté ont une revanche des Dentelles à prendre, sans compter les Arvernes (seconds en 2011) qui viennent à 2 équipes tenter de nous humilier sur nos terres. Dans ce contexte la tactique est simple : on ne doit faire aucune faute de course, on n'a le droit de ne perdre du temps que sur le physique!

C'est dans cet état d'esprit, mais avec la tête pleine de doutes qu'on se présente sur la ligne de départ le jeudi soir au truc du Midi : ambiance surnaturelle! l'échauffement me confirme que mon pied ne devrait pas me causer de souci et les jambes sont convenables. On s'élance dans le dernier quart pour ce bike and run suivi d'iti. Ce prologue, qui n'est que coef 1 à tout de même une grande importance car il va décider de l'ordre de départ des 2 étapes suivantes. On part à un bon rythme, je prend la carte et tente d'assurer l'orientation. On revient rapidement sur plusieurs équipes. Une petite hésitation pour le passage du col hors sentier et on déroule dans la descente. Paulo et Jéjé partis 30sec derrière nous sont revenus à la faveur de notre légère erreur. On enchaine bien les relais et ça va vite. Drame I : je laisse le vélo à Steph dans une descente à 100m d'un village où se trouve la balise 2. Je m'engage dans la rue où se trouve la balise. Jérôme me confirme qu'elle est là et je reviens en arrière sur 30m pour attendre Steph. Quelques secondes s'écoulent et je me demande ce qu'il fout... ne serait-il pas déjà passé ? j'appelle... je cours au croisement suivant : personne... celui d'après toujours pas de Steph. Jéjé dans la même situation que moi cherche Paulo. Pas possible qu'ils aient continué plus loin. en plus Paul a la carte il aurait bien vu qu'il y avait une balise. Je commence à bouillir, de précieuses secondes s'écoulent. Je dis à Jéjé de continuer car c'est lui qui a le doigt et il a pointé le poste. Pour nous c'est différent car Steph a le doigt!! Jéjé repart donc me laissant à ma désolation. Les équipes défilent : celles qu'on avait doublée, puis celles parties après nous. Ce sont maintenant des minutes qui s'écoulent. Je hurle, je jure, j'en peux plus... toutes les équipes sont maintenant passées, ne reste plus qu'un chien qui répond à mes hurlements. Je décide de rentrer à Marvejols et m'élance j'aperçois alors un phare qui revient : Steph... je lui cause du "truc"... on remonte. Bart a déjà ramassé le poste, nous le pointons donc dans son sac. Je repars toujours fou furieux. On enchaine à nouveau bien et reprenons bon nombre d'équipes, mais le mal est fait. Steph s'excuse à chaque relais. On retrouve Bernard et Adri qui galèrent aussi : oubli du vélo, une lampe en panne... On termine enfin. Je fais 400 fois le tour de la place avant de pouvoir adresser la parole à quelqu'un. Retour maison, douche et dodo... enfin dodo, je ne fermerais pas l'oeil de la nuit.

Le vendredi matin on prend la direction du causse Méjéan : Heylas tout près de l'Aven Armand. Le temps est maussade, mon caractère aussi. On nous demande mille fois qu'est-ce qu'on a branlé et on raconte mille fois l'erreur de débutant qu'on a fait. On part enfin pour ce premier trail. Tactique : pas trop vite car c'est un coef 1. Mais je ne pensais tout de même pas aussi lentement : Steph ne se sent pas bien d'entrée, on est collé. Il m'annonce même qu'il est limite des crampes! alors que nous sommes parti dans le ventre mou du peloton, nous ne doublons personne. On remonte vers Dargilan. Le trail est superbe et la fin sensationnelle dans la grotte. On enfourche les VTT pour un suivi d'iti qui descend sur Meyrueis puis remonte sur le Méjéan. Steph peine toujours un peu, mais ça semble passer sur la fin. Audrey voit bien qu'on n'y est pas, elle tente de nous motiver. On enchaine avec la CO photo dans le chaos de Nîmes le vieux, c'est superbe, je devrais normalement prendre mon pied dans ce dédale de rochers mais j'oriente que très moyennement bien. On retrouve Jéjé et Paulo et terminons ensemble. ça repart en vélo, j'ai les pieds humides et dès la première bosse je souffre de ma blessure. Les paysages sont surnaturels sur ce causse pelé où les bancs de brouillards succèdent aux éclaircies. On roule à un rythme correct mais ce n'est pas ça... La citerne : CO score. Combien de gévau se sont joués sur cette section ? peut-être tous. La carte est grande et il y a des balises aux 4 coins. Au premier coup d'oeil c'est clair qu'il est impossible de tout ramasser. On part toujours avec Paulo et Jéjé côté Ouest où les valeurs des postes semblent plus intéressantes. L'orientation n'est pas très difficile, malgré tout on jardine un peu le poste 13, puis le 17 où la carte a bien bougé. Les 2 équipes d'Arverne reviennent sur nous et nous enchainons les postes suivants ensemble. Sur la fin je décide d'aller chercher un poste de plus à 12 pts quitte à laisser les 2 postes du retour moins bénéfiques. Finalement on ramasse aussi la 15 au retour sans problème avec le temps. Je commence à être sec alors que Steph a repris du poil de la bête. La carte du VTT'O suivant ne me réjouit pas : un bon gros chantier! Dès le poste 1 il faut monter, pousser... je suis cuit. Je décide de contourner le V3 pour le poste 2. Les copains d'Agde et d'Arverne coupent dans le vert et sortent devant. Il faut alors remonter vers le poste 3. Je n'ai plus de jambes et le moral dans la roue libre. Je m'arrête même au bord du chemin pour manger. Steph m'encourage mais le coeur n'y est pas. On repart et doucement ça revient. On reprend Jéjé et Paul ainsi qu'une équipe Arverne. Une bonne dernière bosse et on bascule vers les gorges du Tarn. Mon Steph est scotché toute la descente mais maintenant ça m'est presque égal. On finit sur la plage avec Dan et Nico sur les talons. Reste le canoë. Le Tarn est joli et le courant nous porte. On remplit le bateau à plusieurs reprises et prenons même un petit bain intégral. Finit! foutu Gévau. Une sacrée première journée!

Dan et Nico nous apprennent qu'ils n'ont pris qu'un poste sur la CO photo : ça finit de me tordre la tronche. On rentre à la maison, re-douche, plat de pâtes et dodo.

vendredi matin départ de Marvejols : Pierrot nous annonce une étape plus courte et nerveuse... faudra qu'il m'explique car je n'ai pas vu grand monde bien énervé... ça part à VTT et c'est plutôt vallonné. Steph a du mal à démarrer mais ça vient vite. On termine par la spéciale du président : une broutille... Trail coef 3, faut faire le métier. Mais d'entrée on suit des motos qui rubalisent le chemin sauf qu'il s'agit du parcours du Trèfle du we suivant. On remonte et retrouvons le balisage du trail : 3 ou 4min de perdues, rien à côté des 3/4 d'heures qu'ont perdus Bernard et Adri laissant au passage le podium s'échapper. Ce trail est splendide, rivière/prairie/rocher/escalade/re-rivière... Steph n'a pas les jambes, on marche quasi tout du long. Mais sur la fin il retrouve ses guiboles et on remonte quelques équipes dans la dernière longue ascension. Nico et Dan qui ont fait un gros trail repartent avec nous sur le VTT road-book suivant. On roule bien même si Dan semble un peu à la peine. On retrouve Jéjé et Paul et ça discute décontracte. Peut-être un poil trop... on rate la suite de la rubalise et tournons quelques minutes avant de retrouver le bon chemin. Pas pour longtemps... on s'est du coup regroupé avec pas mal d'équipes. Je ne veux pas qu'on soit bloqué et j'enchaine la descente suivante à un "bon rythme". Sauf que Steph se retrouve bloqué dans le second wagon et ne nous voit pas tourner à gauche dans une petit chemin. Je m'arrête pour l'attendre mais il a dévalé la pente, encore et encore... accompagné par d'autres équipes dont Arverne (Steph et Seb) et suit donc en pensant qu'on est devant. en plus le road-book semble correspondre. Je reviens en arrière comprend le truc descend comme un sauvage, un croisement, deux... personne... je remonte et me pose le cul dans l'herbe pour être tout confort et regarder passer les équipes... 5, 10, 15 min et la petite troupe remonte. Je met un voyage à Steph qui m'explique qu'il ne pouvait pas doubler et que le road-book correspondait... là maintenant une chose est claire : c'est plié ce gévau. On termine avec Arverne et enchainons la CO avec le même état d'esprit que quand j'ai une lessive à étendre. Les postes s'enchainent, je me permet même quelques boulettes sur une carte dont le cartographe se tape ma meuf. Enfin bon, on n'y est plus. Dernier VTT pour rentrer à Mende où mon Steph je ne sais par quel miracle lache enfin les freins. On traverse le Lot histoire de me rappeler que j'ai un pied qui pique et mon Steph me pousse dans la dernière bosse car je suis cramé avec le ventre à l'envers. Petite CO en ville et arrivée finale.

Gévau avec un G comme Galère! pourtant ça aurait du être un G comme Géant, Génial, Grandiose, Gubilatoire... tant les parcours étaient splendides, dépaysants, inattendus... quelques jours encore et la pilule sera passée. Faut bien des galères pour apprécier les bons moments ensuite.

En tous cas, un grand merci à Audrey et Mathilde qui en plus du classique rôle ingrat de l'assistant ont du essuyer nos mines dépitées pendant 3 jours. Merci à toute l'équipe du Gévau qui reste incontestablement un raid à part. Merci à Dan et Nico d'avoir ramener en terre lozérienne le graal que les Ardéchois pensaient avoir à tout jamais conquis. Ardéchois, pour qui j'ai une pensée car ils auraient dû être sur ce podium.