Raid In France 2017 : Enfin!

Il fait nuit, nous sommes à une transition, j’appelle Fanny, je ne la vois pas je ne vois personne… quelqu’un me secoue, je me réveille je suis en nage, c’est Amélie qui est à côté de moi. Elle me dit que je rêve, je me rendors... Au petit matin je me réveille les yeux gonflés, la bouche pâteuse, les lèvres gercées à ne plus pouvoir les plisser, le corps douloureux, les pieds en mode  « patate » et l’esprit embrumé, la journée d’hier a été longue très longue…. Mais qu’est-ce que l’on vient de faire là ? Je n’y crois pas….

Plusieurs mois que l’on y pense, Raid In France 2017, nous sommes là, prêts à en découdre. Néanmoins pas mal d’interrogations nous taraudent, 2 ans sans course de cette envergure pour Benj dû à une blessure, et le pompon, une entorse il y a 15 jours, Max pour qui c’est la première expérience en raid long mais à qui nous faisons entièrement confiance, on connait l’animal et savons qu’il a un mental d’acier et des qualités physiques monstrueuses, lui se repose sur notre expérience pour être au top ! Fanny s’est elle aussi fait une entorse il y a 10 jours, et pour ma pomme coupure d’un an en raid long pour cause de blessure au dos et pour laquelle je ne suis pas tout à fait sûr qu’elle soit cicatrisée, inutile de vous préciser donc que le dernier entrainement kayak date d’il y a très longtemps….

Enfin bref, trêves de bavardages, entrons dans le vif du sujet. Passées les verifs matos, médicales et administratives, que nous enchainons facilement, nous voici lundi 00h sur la ligne de départ en combi pour un swimrun orientation. L’envie d’aller se baigner d’entrée n’est pas vraiment là, mais pas le temps de se poser de questions.

Top à la vachette !! Balise 1, 2 on fait une première traversée, l’eau est bonne mais c’est un peu la guerre, on sort de l’eau dans le groupe de tête malgré notre technique peu académique, balise 3, trempette, balise 4, trempette, balise 5, trempette, arrivée… On arrive en tête à la transition, on se met à l’écart pour être tranquille, on est plutôt rapides, Max entre temps panique un peu pour monter la roue avant de son vélo, je lui donne un coup de main, et tout rentre dans l’ordre. Benj va chercher le fagot de cartes et nous partons enfin, l’aventure peut commencer !

VTT 1 58km, 6h45 : D’entrée on se dit que ça va être chaud en orientation sur cette première section, beaucoup de sentiers rendent la carte quasi impossible à lire en roulant. Max gère le road book, Benj à l’orientation et moi je tente de suivre sur la carte et de corriger si besoin. Après une petite demi-heure, Naturex et Gravelines DSN nous reviennent dessus, ce sont les seules équipes que nous verrons de la course et nous ne serons jamais séparés par plus de 2h. Personne ne veut partir à la faute sur cette première section, on bétonne alors l’orientation à 3 équipes, à toi, à moi, à toi, à moi…. Nous arrivons ensemble au petit matin à la transition.

Transition un peu difficile pour nous, je campe un peu et suis désordonné, Fanny est la plus rapide sur ce coup-là et nous met la pression pour les transitions a venir, nous perdons 1 ou 2 minutes sur la tête, néanmoins la transition est rapide, une dizaine de minutes.

Trek1 19km, 4h04: Pas toujours évident les 24 premières heures de course sur ce genre de raid, le rythme n’est pas forcément celui que l’on aimerait adopter mais il faut se faire violence et gérer les bobos des uns et des autres qui sont déjà bien présents. Nous descendons dans le lit de la Dunière, que nous suivrons jusqu’à la balise 5. C’est agréable et on marche enfin, nous remontons à un col puis basculons dans la descente, nous apercevons Gravelines DSN devant. L’orientation n’est pas forcement évidente dans la descente et nous faisons quelques erreurs. Nous pensons nous faire distancer par Naturex et DSN mais il n’en est rien, c’est dur pour tout le monde apparemment et nous pointons même à la deuxième place (mais nous ne le savons pas) pour embarquer en kayak sur l’Eyrieux.

Kayak 1, 37km, 5h16 : La transition est bonne, Benoit est là pour nous encourager avec le papa de Fanny, j’embarque avec Fanny, et Benj avec Max. Fanny nous propose de la crème solaire, on refuse…. Erreur ! Le soleil tape fort et nous en souffrirons, nous sommes contents d’être dans la relative fraicheur de la rivière. Nous pagayons bon rythme, je suis à l’écoute de mon dos sur cette première section mais pour l’instant RAS, et aucune douleur ne se fera sentir de toute la course. Il n’y a pas beaucoup d’eau et nous sommes contraints de sortir du bateau très souvent afin de le tracter, c’est éreintant et nous y laissons pas mal d’énergie. C’est alors que je découvre la maladie de Fanny, « la narcolepsie du Kayak », elle s’endort déjà et je suis obligé de la tenir éveillée en lui parlant en permanence pas évident quand on n’est pas une pipelette… A la sortie de l’Eyrieux on débouche sur le Rhône et là ça débite beaucoup plus, on utilise les chariots pour passer un barrage puis la fin de section est plus rapide et nous arrivons à la transition vers 16h30

VTT2 23km, 3h31 : A nouveau une bonne transition, 20’, tout le monde est en bonne forme et repartons de plus belle, cette section n’est pas roulante du tout, peu de montées passent sur le vélo, on pousse un long moment et l’orientation n’est pas aisée non plus, on n’est pas trop de 2 pour confirmer les choix, j’ai presque l’impression de servir à quelque chose en orientation, mais cela ne nous empêche pas de faire quelques dizaines de mètres de dénivelé en trop sur le haut de la montée, nous redescendons, suivons le lit d’une rivière pour éviter une route et arrivons en fin de journée à la transition pour reprendre les bateaux au bord du Rhône, toujours 2èmes à une petite demi-heure de Naturex.

Kayak2, 51km, 10h40 avec 3h de sommeil : Nous prenons un peu plus de temps pour manger sur cette transition car la section va être longue, l’objectif étant de passer la dark zone à l’entrée des gorges de l’Ardèche (20h30 mardi soir) nous n’avons pas encore pris d’heures de repos mais notre vitesse de progression sur ces 24 premières heures devrait nous permettre de passer facilement, nous prévoyons donc de prendre nos 3 premières heures sur le CP au milieu de la section. Alors que nous repartons, Gravelines DSN arrive nous estimons notre avance à 40’.

La nuit tombe sur l’eau, rebelote, Fanny s’endort, suis obligé de faire la poissonnière pour la maintenir éveillée, mais il est vrai que même si le débit est bon et que nous avançons bien c’est languissant et rien de tel pour somnoler. Nous arrivons au CP vers 1h du matin, les copains de Naturex sont là aussi pour piquer un petit roupillon, nous sommes frigorifiés car trempés, on se change et enfilons tout ce que nous avons pour 3h de sommeil bien méritées, serrés les uns contre les autres.

BIP BIP BIP…. Réveil ! Toujours aussi difficile…. Dur de réenfiler les affaires mouillés, se faire violence, être efficaces, toujours ! Gravelines DSN sont là aussi, ils dorment, on dirait que tout le monde a eu la même stratégie sur ce coup-là, nul doute que ça va changer! Naturex est reparti mais nous ne connaissons pas l’écart. La pause a été bénéfique nous sommes remontés à bloc ! Seule Fanny continue de souffrir du sommeil, je me force à parler, à dire n’importe quoi pour la réveiller. Nous arrivons à Pont St Esprit, à l’embouchure de l’Ardèche, que nous devons remonter sur 12 ou 13km, vers 5h du matin, il fait toujours nuit mais la lumière du soleil commence à apparaitre à l’horizon. Première digue à passer, dur ! Les bouts de plat passent bien, nous embarquons au passage la ligne d’un pêcheur que nous ne voyons pas, celui-ci sort de sa tente et a l’air furax !…. Nous devons débarquer et tirer le bateau souvent pour passer les gravières, on ne lâche rien ! C’est alors qu’au détour d’un portage on tombe sur les Naturex qui tirent leurs bateaux sur la rive, on échange quelques mots, quelques encouragements, c’est bon pour le moral ça ! Cela a pour effet de réveiller Fanny qui, à nouveau, se met à pagayer avec vigueur. La fin de la section est en vue et nous débarquons avec le moral au beau fixe.

Trek 2, 33km, 12h01 : Nous repartons à pied à 2’ des Naturex alternant marche et course, au programme de la journée, du trek dans les gorges de l’Ardèche, la grotte de St Marcel avec remontée sur corde à passer et rappel de 160m sur le rocher d’Autridge, que du bon quoi ! Mais on fait là une erreur qui va nous coûter cher, Benj ne trouve plus sa carte pour le trek, je lui donne la mienne, nous ferons la section avec une seule carte, on se dit que ce n’est pas grave….

Nous arrivons à l’entrée de la grotte après 30’ de trek, nous nous équipons, Fanny passe la première à la remontée sur corde, puis Benj, moi, et Max, qui arrive en haut comme s’il venait de faire un 1500m !

On pointe tant bien que mal en 1h25, les 3 balises dans la grotte, soit 5’ de plus que le temps neutralisé pour effectuer la section, après avoir essayé de déchiffrer un bout de croquis dessiné par un des guides sur un sac poubelle faisant office de topo, puis ressortons dans la chaleur pour poursuivre le trek nous enfonçant dans les gorges. C’est presque aussi beau que les gorges du Tarn ! On se dit que devant, Adri doit connaitre comme sa poche ça va être dur de rivaliser sur cette section là…. d’autant que la chaleur se fait sentir et Benj n’ayant pas encore eu son traditionnel coup de calgon, on ne s’affole pas et on garde un train qui nous va bien. Après un petit nettoyage des pieds et un remplissage des bidons au CP14 on repart en direction du CP suivant, qui lui, est sur le plateau, il nous faut donc sortir des gorges on emprunte alors une piste bétonnée, je me dis « tiens, tiens c’est étrange, ce n’est pas du genre à Pascal de nous faire passer par un tel chemin à pied… » mais pas plus, je fais confiance à mon orienteur et nous montons jusqu’à traverser sous la route au sommet. A ce moment-là, j’aurais peut-être pu m’apercevoir de l’erreur si nous avions eu la deuxième carte mais peu importe, le fait est que nous venons de traverser une route interdite sans nous en apercevoir, et le fait de passer « sous » la route nous a encore moins permis de nous rendre compte de notre erreur… Nous arrivons ensuite au CP, Naturex arrive quasiment en même temps que nous, surpris de nous voir là, c’est Adri qui nous apprend notre erreur, Benjamin comprend alors et s’en veut terriblement, il ne se pardonne pas cette grossière erreur. Nous repartons tout en réfléchissant aux conséquences, pénalité, mise hors course, disqualification.. ??

Benjamin a du mal à se remettre dedans, il pense que l’on va être disqualifié et que notre course est finie, nous le remotivons lui disant que nous n’en savons rien, nous ne pouvons pas gommer cette erreur alors autant tout donner et aller de l’avant. Nous passons le rappel grandiose, sans vraiment en profiter ni nous en rendre compte, et l’ambiance est toujours pesante. Les mots sont durs mais bénéfiques, et après quelques heures de flottements notre Benj a retrouvé le moral, et l’équipe aussi par la même occasion, et nous sommes à nouveau sur un bon rythme.  Peu avant la transition, nous apercevons Naturex, perchés au milieu des falaises, et qui semblent dans une posture délicate, nous essayons de leur indiquer d’en bas un chemin un peu plus sûr, et sommes un peu rassurés de voir que nous n’avons pas cumulé de retard avec nos péripéties. Nous arrivons à la transition en fin de journée, nous croisons Pascal qui nous signifie notre erreur, nous l’assumons, et lui en expliquons la cause, il nous prévient que nous aurons une pénalité de temps d’une durée qui sera décidée par le jury de course.

Quelques minutes plus tard arrive Naturex, Adrien a un coup de chaud il ne semble pas en grande forme, Colo lui porte son sac… ils décident de s’arrêter dormir ici 2h tandis que nous, nous poursuivons. Notre idée est de couper les longues sections par des heures de sommeil et de dormir de nuit.

VTT3, 40km, 8h37,dont 3h de sommeil : Le début est une succession de poussages, les sentiers ne sont vraiment pas roulants et c’est dur d’avancer efficacement, mais les paysages sont splendides. Comme prévu, nous nous arrêtons dormir 3h au CP au milieu de la section. Un vent glacial nous traverse quand nous nous réveillons, toujours aussi dur de se lever, nous sommes frigorifiés.

Alors que nous pensions que Naturex est déjà passé, on les entend partir du CP alors que nous rangeons nos dernières affaires! Ce qui achève de nous réchauffer …. Nous avons donc théoriquement 1h d’avance sur eux vu que nous venons de prendre 1h de repos en plus. Nous leurs revenons rapidement dessus et bavardons un peu, ça fait du bien d’échanger avec les copains, encore plus quand on est devant…

Le jour se lève sur cette 3eme journée de course et nous terminons la section ensemble à Voguë au bord de l’Ardèche pour la dernière section kayak. Alors que nous arrivons et que l’on commence à se préparer pour le bateau, Pascal et Béa viennent nous voir et nous annoncent que nous purgerons une pénalité de 56’ (soit 2x le temps que nous a fait gagner notre erreur d’hier) sur cette AT. Nous en prenons note et allons préparer les bateaux avant de prendre la pénalité.

KAYAK 3, 14km, 1h52 : Les Naturex s’en vont nous laissant à notre sort. Nous nous efforçons de mettre à profit cet arrêt forcé, en compagnie de Laure et Luc qui sont là en voisins, on en profite pour se nettoyer les pieds, Noker, manger, tracer les cartes, se brosser les dents, se refaire une beauté….

On nous lâche enfin, les compteurs sont remis à zéro, notre erreur oubliée et, c’est le couteau entre les dents que nous pouvons dévaler l’Ardèche à toute vitesse malgré nos épaules bien raides….. Au petit matin les panoramas sont superbes !

Trek3 19km, 5h57 : Transition rapide à la recherche du soleil, on échange quelques mots avec Béa, notre José international et Anita, et nous en allons à la poursuite des Naturex, après une petite hésitation où nous loupons le balisage pour sortir de Voguë (balisage disparu à l’entrée du camping ?!) et sommes à 2 doigts de nous mettre l’eau avec nos habits secs alors que l’itinéraire passe sur le pont, on enchaine bien la B22 jonction ruisseau/rivière, et pour aller à B23, on fait le choix cité dans le road book, rive droite, sentier Bleu olive. Nous remontons en contre haut de la rivière, et avec Max, il nous semble alors entendre Adri dans le lit de la rivière… nous avions pensé à cette option aussi mais Benj a trouvé ça trop long, bien lui en a pris, le chassé-croisé continue! On poinçonne la B23, direction B24, le road book conseille de monter sur la crête à notre droite afin de rattraper le sentier qui mène à B24. La crête nous parait difficile nous faisons le choix de contourner par l’ouest afin d’aller la prendre en aller-retour, choix plus long mais avec moins de dénivelé, nous verrons si c’est payant. Nous sommes dans le lit de la rivière en contre bas de B24, Ben nous dégotte alors une petite trace qui monte en direction de B24 sur une petite crête, si ça passe cela nous éviterait de faire l’aller-retour et nous ferait gagner de précieuses minutes ! Et en effet, ça passe !! On poinçonne la B24 sous l’œil de Pascal qui est monté là et semble surveiller quelque chose dans la vallée… les Naturex ?? Ils ont dû passer il n’y a pas longtemps…  Quand nous arrivons à Joannas à la transition dans la cour du château Naturex est là depuis environs 20’ , ils s’arrêtent dormir 3h. Nous, fidèles à notre stratégie, nous continuons et préférons dormir de nuit au milieu de la section suivante.

VTT 4, 70km, 15h08 dont 3h sommeil : La transition n’est pas la plus fluide que l’on ait faite, Fanny traine un peu et refait son vernis à ongles qui a quelque peu souffert depuis le départ, à moins que ce ne soient ses pieds qui aient besoin d’un peu d’attention !… et on papillonne tous un peu.

La section qui s’annonce sera certainement un des juges de paix de la course car elle est longue et physique. C’est peut-être ce qui, inconsciemment, nous a fait prendre 10’ de plus à la transition.  Alors que nous partons Gravelines DSN, que nous n’avions pas vu depuis 2 jours, arrive en courant, ils ont l’air en forme les cocos !! Ca nous met un coup de pied au cul et on attaque tombeau ouvert la très longue montée sur le Tanargue. Après 10’ Fanny commence à serrer le moteur et souffre du sommeil, avec Max on s’accroche et aidons la miss. Cela ne dure pas, elle se réveille peu après, et malgré la pente nous effectuons une belle montée, sans trainer…. Au sommet, CP 22, Alex est venu nous encourager, ça fait plaisir! A l’horizon le soleil commence à baisser, on bascule dans la descente puis remontons en direction du rocher d’Abraham où une petite partie à pied de 4km nous attend pour un pèlerinage à la statue de Jannot Gilly, figure emblématique et précurseur du sport outdoor Ardéchois et Français. Après un petit portage nous arrivons au CP23 où les copains de Raidlinks nous attendent. On laisse les vélos là et enfilons les chaussures, Denis nous suit pour immortaliser notre passage sur ces magnifique crêtes, avec la lumière du soleil couchant, le panorama est magnifique !

A notre retour, Gravelines DSN arrive. Nous avons donc 1h20 d’avance sur eux, nous leur avons pris près d’une heure sur ce début de section, de bon augure !  Nous repartons dans la longue descente en direction du CP24 où nous avons prévu de prendre à nouveau 3h de repos. Nous y arrivons vers 23h30, l’endroit n’est pas idéal mais le portage précédent (un mur de 400m !) nous a bien entamés, nous ne sommes donc pas très regardants et on se couche en file indienne dans nos couvertures de survie, au bord du chemin en pente, en espérant que les copains qui arrivent derrière ne nous marchent pas dessus….

2h00 : nous avons toutes les peines du monde à réveiller Max qui dort comme un bienheureux, et à notre grande surprise personne n’est encore passé, mais nous voyons des frontales en contrebas. Le temps de rassembler nos affaires on repart juste avant Gravelines DSN  qui arrive, nous avions 1h d’avance, on en déduit qu’ils se sont donc arrêtés 2h au CP23.

On fait les comptes, on est en tête, au coude à coude avec Gravelines, il nous reste 2h à prendre, idem pour Gravelines DSN, par contre Naturex a dû finir leurs 11h de repos obligatoire cette nuit, ‘tain ça va être chaud !!! Le dernier long trek de 40km va être déterminant !

Arrivés sur la crête après le CP il ne nous reste qu’une très longue descente pour arriver à l’AT, physiquement nous sommes légèrement mieux que les nordistes et nous nous échappons, Benjamin nous régale à l’orientation, ce n’est pourtant vraiment pas facile, je n’arrive pas toujours à suivre sur la carte, il me recale de temps en temps. Ce vélo est une pure régalade depuis le début, après une montée bien physique, la descente n’en finit pas de nous réjouir. Nous arrivons à la transition peu après le lever du soleil. Benoit est venu nous faire un petit coucou, sympa ! On se ravitaille bien sachant que nous allons partir pour 11 ou 12h de trek, Nokage des pieds, remplissage des bidons….

Trek 4, 40km, 13h20 dont 2h de repos : Nous repartons alors que Gravelines arrive. Environ 35’ d’avance, bonne opération pour nous ! Eux prennent leurs 2 dernières heures de repos ici, nous, nous le ferons au CP28 , la course contre la montre peut commencer, c’est là que cela se joue et nous le savons!

La première balise B35 est au sommet d’une crête, sur la carte, un sentier est censé y mener tout droit, presque trop facile ! Erreur, il n’y a jamais rien de facile sur le RIF, la dite crête est recouverte d’une végétation quasi impénétrable par endroit et c’est avec difficulté que nous cheminons, nous imaginons alors qu’un autre chemin plus ouvert y mène et que nous sommes en train de bouffer la feuille, il n’en est rien, nous sommes bien sur le bon itinéraire mais la progression est vraiment dure, Max commence à pester et se demande pour la première fois du raid ce qu’il fait là. Sur la partie finale, les choses s’arrangent un peu et cela nous permet de voir l’arrête où nous sommes montés, je me retourne pour voir si nous sommes poursuivis, mais rien. On poinçonne la balise vite fait et nous engageons dans la descente, Denis est à nouveau venu immortaliser le moment et nous interviewer, au col, petit contrôle matos par Béa et on repart en petite foulée, pensant avoir perdu beaucoup de temps sur cette première balise nous mettons les bouchées doubles.

Aller/retour à la 36, puis 37, CP 27 au sommet d’un suc, on court le plus possible, Ben assure à l’orientation, on avance bien. Peu avant Lachamp Raphael on tergiverse un peu dans la forêt et perdons quelques minutes mais rien de bien grave. Je motive les troupes à courir, Max a mal aux pieds et à un genou mais ne lâche rien, costaud le gars!  Petite pause Coca frais à l’auberge du village et nous repartons en courant. La montée avant le CP28 est rude et la végétation ne nous permet pas de progresser facilement, tant bien que mal nous arrivons assez rapidement au col et nous nous élançons dans la descente avant d’arriver au CP. Audrey, Liv et Amélie sont venues prêter main forte à Francis dans le fan club pour la fin de course, quel plaisir de les voir ! MERCI !!

On annonce immédiatement notre volonté de prendre nos 2 dernières heures de repos ici et déclenchons le chrono. C’est là que ça se joue, nous savons que si nous repartons devant il y a de grandes chances pour que cela ne change pas jusqu’à l’arrivée, prendre 2h de repos ici est à notre avantage car enchainer toute la section d’un trait nous semble difficile. Ici, nous pouvons nous reposer, nettoyer nos pieds meurtris et repartir plus frais contrairement aux autres.

Durant ces 2 heures et malgré la fatigue, le sommeil est dur à trouver, aucun de nous n’y arrive, toujours l’oreille tendue pour guetter l’arrivée des copains, la tension est à son paroxysme, et nous nous attendons à voir débouler Gravelines DSN ou Naturex d’un instant à l’autre.

15’ avant notre heure nous nous préparons à repartir, personne n’est passé, on n’a pas le droit de nous mettre au courant de l’écart, que cela soit les personnes au CP ni Amelie et Audrey, mais à voir les visages tendus, on se dit qu’il va falloir tout donner.

Les pieds propres et quelques peu reposés, nous repartons en courant à 17h14 pour la fin de la section. Ca y est, les compteurs sont à zéro et nous sommes toujours devant, on est galvanisés et nous courons même en montée par moments, la seule inconnue reste l’écart qui nous sépare de nos poursuivants, mais peu importe, nous ne voulons rien regretter et donnons tout, je m’applique à seconder Benjamin à l’orientation. Cette dernière partie de trek est plus courante, plus rapide et nous arrivons à la TA peu avant 20h. Sachant que le but est proche je ne peux m’empêcher d’avoir le sourire aux lèvres. Les filles sont à nouveau là, mais nous sommes tellement concentrés que nous ne voyons personne.

C’est un silence de cathédrale qui règne à la transition, personne n’osant parler, seule Liv ose briser le silence pour encourager son papa. Nous sommes concentrés sur notre tâche, affairés à être efficaces, rapides et fluides, penser à mettre les frontales, casque, chaussures, gilet fluo, manger un peu…. Je donne un petit coup de main à Max qui galère avec sa roue et nous sommes prêts à repartir, 10’ top chrono…

:

Nous repartons comme si nous étions sur un raid à la journée, les ¾ de la section se fait en montée sur une voie verte emménagée ça roule vite, vraiment ! Je suis en queue de groupe et demande à Fanny si ça va, elle me répond qu’elle trouve que ça va vite, je passe devant et l’accroche, Max mène une allure hallucinante pour une fin de raid long, il a de la ressource l’animal!

Sylvain nous suit en vélo électrique pour filmer la scène et faire des plans, on se croirait sur le tour de France. Nous faisons la connaissance de Michel, qui roule avec nous, visiblement heureux de partager ces moments ! Au bout de 30’ je n’en peux plus, on échange les rôles avec Max mais ça ne ralentit pas pour autant, l’hypo guette, on n’arrive même pas à s’alimenter en roulant à cette allure !… On veut tout donner, ne rien regretter, aller chercher cette victoire jusqu’au bout, on se motive les uns les autres, un frisson me parcourt l’échine à la pensée de ce que nous sommes en train de concrétiser….

Dernière balise, Ben prend le temps d’assurer et je la poinçonne alors que la nuit tombe et que nous devons allumer les frontales. Nous sommes maintenant sur le plateau, il ne nous reste plus qu’à dérouler jusqu’au départ de la voile de l’autre côté du lac. Nous n’avons pas encore réalisé que nous sommes en train de gagner le RIF, on ne se relâche à aucun moment, conscients que tout peut encore arriver car on ne connaît pas l’écart avec nos poursuivants.

La transition est en vue, le sourire d’Anita et José nous est communicatif, on se dit que là, c’est bon, c’est fait ! On démonte une dernière fois les vélos et les mettons dans les caisses et c’est sourire aux lèvres que nous nous dirigeons vers les petits bateaux à voiles qui nous attendent pour traverser ce lac de Devesset que nous avions laissé il y 4 jours.

Nous pouvons enfin savourer cette victoire tous les 4 sur ces petits voiliers, par cette nuit de pleine lune. Nous voyons de l’autre côté l’allée scintillante et la ligne d’arrivée qui nous attend, mais malgré la volonté de profiter du moment, nous sommes également pressés de retrouver nos proches et nos amis de l’autre côté, et la petite brise qui souffle ne suffit pas à combler cet empressement, alors nous pagayons et mettons enfin pied sur l’autre rive.

Ensuite, eh bien, vous avez surement tous vu la vidéo d’arrivée ou peut-être pas, alors puisque des images valent mieux qu’un long discours…..

https://www.youtube.com/watch?v=XBaONAwAqW0

Merci à mes 3 fantastiques équipier(e)s, on ne pouvait rêver mieux ! Max tu as été monstrueux pour une première expérience en raid long, une première victoire sur le Rif… nous ça fait presque 10 ans qu’on tourne autour. Fanny aussi, jamais un coup de mou (à part quand tu dors en kayak… ;-)), toujours les mots pour secouer l’équipe et aller de l’avant. Benj, autant avant tu avais la micro faiblesse d’avoir un début de course difficile, autant là ben je ne vois pas, top niveau du début à la fin, comme le bon vin tu te bonifie avec l’âge, ce serait dommage d’arrêter là! Merci à toute l’équipe d’organisation du RIF qui chaque année fait un boulot monstrueux, merci à Anita, José pour vos sourires et pour avoir pris grand soin de nos petites affaires, merci à Francis le papa de Fanny pour les photos et le suivi tout au long de la course, merci à nos familles et amis pour nous supporter tout au long de l’année, merci à Audrey et Amélie d’être venues nous accueillir à l’arrivée, quel bonheur ! Merci à l’asso « Lozère Sport Nature » de nous soutenir dans nos projets les plus fous.

On l’a fait…