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ARWS Chili : des pumas aux kangourous...

Tout a commencé en janvier par un message de Manu à peine audible, sur mon répondeur, pour me proposer un truc un peu dingue. Quelques jours passent, impossible de parvenir à le joindre, le bougre, et j’ai du mal à croire à sa proposition. Et puis c’est Lionel qui m’appelle, Lionel que je connais à peine... et là, les choses se précisent. Il s’agit d’une invitation carrément indécente pour courir avec eux sur une manche ARWS (Afrique du Sud qui se transformera rapidement en Chili !), un truc qui ne se refuse pas!

Le rythme s’accélère, et il faut trouver un 3ème bonhomme, pour moi, une formalité ! Gaet, à quelques jours près, vient de s’engager pour le Tierra Viva avec les copains Alex, Nelly et Denis, et c’est Niko qui sera donc notre titulaire de luxe – cool, 2 équipes de Frenchies en force au Chili ! On réserve les billets d’avion et on cale une date pour un entrainement ensemble dans le 7-4 et un repas avec notre ange gardien. Une semaine plus tard, un mail de l’orga nous annonce que la course est annulée pour cause de gros réveil du Villarica, le volcan au centre de la course... on retourne leur boite mail, et les choses rentrent dans l’ordre, la course aura bien lieu ! Ouf ! Y a plus qu’à ! Niko nous rejoint pour un 1er weekend d’entrainement, puis un second, le tout agrémenté de repas bien arrosés avec notre Pierre, l’ambiance est bonne, on comprend vite qu’on est tombé sur une perle. Ca déroule, les choses se précisent, les affaires se préparent, ça parait simple tout ça, comparé à un RIF ! Et puis on bénéficie des conseils au top de notre Benj, le patron, qui a 2 éditions de Tierra Viva à son actif : on a tous les tuyaux, va falloir qu’on assure !

 

 

On y est, c’est le jour du départ! Un grand voyage en perspective, Genève-Madrid, Madrid-Santiago, Santiago-Temuco puis encore 1h30 de navette sur piste jusqu’à Pucon et à nous le Gran Hotel Pucón ! Nous sommes logés dans un top appart avec notre Pierre, no stress, on a presque 4 jours jusqu’au départ, juste le temps de faire monter la pression ! A part, nos Frenchies, on ne verra personne jusqu’au briefing de course, la veille du départ, mais on en profite pour faire quelques courses et commencer notre cure d’avocats (le secret de la victoire ?!), tester les vélos, se dégourdir un peu les jambes à pied, et dévaliser le buffet du ptit dej du Gran Hotel...

 

Et c’est le briefing, pas de temps à perdre, 10 équipes présentes seulement, mais 3 grosses écuries avec des champions à gogo, et on apprend simplement que les conditions météos annoncées ne sont pas des plus sèches, qu’en conséquence, l’ordre des sections est un peu chamboulé car il faut faire le plus de treks possibles pour profiter du créneau météo du départ, et que la barque sera donc effectuée au retour sur Pucón, à la fin de la course.

Autre nouvelle de taille, le départ sera donné en vélo, en contre la montre, avec un départ toutes les 5 minutes. Nous tirons le dossard 2, avec un départ 5 minutes derrière ceux qui seront nos concurrents directs, Walhalla Expedition Guarani. Sortis du briefing, Niko nous demande comment la course va s’organiser, et il nous apprend que le nouveau parcours a été mis en ligne sur le net... sans qu’il n’en soit question au briefing... ça commence fort ! Une petite photo pour la forme et au dodo. Nous avons la matinée du dimanche pour finaliser nos sacs assistances... 2 sacs de 100L et 20kg pour 4, ça ne fait pas grand-chose. Aucune répartition équitable n’est possible, nous ne verrons le sac 1 qu’en toute fin de course pour le dernier trek. Notre sac 2 se fait refouler, trop lourd... à peine 10 kg de trop ! On vide, on pèse, on re-vide, on re-pèse, et on renonce à tous nos petits plaisirs alimentaires de course, il ne reste pas lourd là-dedans !

 

12h05, on lâche les fauves !! 170km de VTT (150 annoncés !) pour environ 2000 de D+ mesurés. On part directement par la route, sur un bon rythme, pour une alternance routes-pistes, le tout bien roulant. Il nous faudra peu de temps pour rattraper les 1ers partants, et on se paye le luxe de faire la photo du CP1 avec eux. Ça roule fort tout le long, nous nous accrochons en file indienne dès qu’on peut, Manu à l’orientation, c’est fluide et on se régale ! Pour moi, ça part un poil vite, mais mes coéquipiers sont au top, et je sais que ça devrait vite s’équilibrer, donc je m’accroche. La Subaru 4x4 de Pierre nous double à fond les ballons sur une piste pour la 1ère fois du raid, il sera partout jusqu’au bout pour nous prendre en photo, et quel bonheur de le voir à chaque fois !, il se régale autant que nous et ça se voit ! Dans une descente, nous croisons les Walhalla en train de pousser pour remonter au CP, c’est la dernière fois que nous les verrons.

Puis c’est l’équipe de Gaet, qui semble être pas très loin derrière. Ils ont perdu leur fiche avec les photos des CP !  Nous retrouvons la route, pour les dernières bosses de la section qui nous amène à Choshuenco, 1er point d’assistance au top où nous retrouverons 3 fois notre sac 2.

Transition éclair et miam pour repartir sur 35km de trek et 1900m de D+, en compagnie de notre 5ème membre, un chien-raideur ! Le temps est toujours de la partie, le ciel est clair et étoilé, la lune presque pleine, c’est bonheur !! On repart à nouveau sur un bon rythme vers le volcan Choshuenco où se trouve notre PC2, pour une bonne grimpette, c’est là que l’on prend la mesure du « dré dans l’pentu », les Chiliens, ils ne rigolent pas avec ça ! Mais ça nous convient... sauf que Niko n’est pas au mieux, mal au ventre, Lionel le soulage un peu dans la montée. Arrivés vers 1800m, au point le plus haut, un bon petit vent nous réveille, il ne fait pas bien chaud là-haut ! Nos photos dans la boite, il est déjà temps de redescendre vers le PC3... le début de la galère !!! On cherche une trace qui doit nous mener au PC, on bartasse, un peu, beaucoup !, avec les conseils de Benj en tête, « ne jamais s’aventurer dans les forêts de bamboos » ! On s’y jette malgré tout, en espérant trouver la trace un peu plus bas dans la forêt, et ça y est, nous sommes enchevêtrés dans cette forêt impénétrable ! Nous passerons 4h dans cet enfer, en pente, à errer, sans s’arrêter un instant, accompagnés des hurlements à la mort de notre fidèle partenaire qui restera coincé une bonne dizaine de fois dans les branches et troncs, mais s’en sortira toujours... La lampe de Manu le lâche, sa lampe de secours aussi... mais nous continuons à avancer, glisser, sauter, tomber, se faufiler entre les éléments, à la vitesse d’une fourmi perdue dans une botte de foin. Ayant enfin atteint l’altitude de la balise, Niko et Manu nous font mettre le cap à l’ouest, la densité de la forêt diminue un tout petit peu, et c’est là que nous tombons sur une clôture ! Improbable là au-milieu, il doit y avoir quelque chose derrière ! Encore un peu de bartassage et nous finissons par trouver cette maudite trace qui nous amènera à la cabane. Soulagement dans l’équipe, cela vaut bien une petite pause ravitaillement à l’intérieur ! Nous repartons regonflés vers le CP suivant, la course est chamboulée, on s’imagine être largués, Niko est confiant. Puis c’est la redescente vers la route, interminable, et les 8 km de ligne droite jusqu’à l’assistance. Lionel commence à ressentir une tendinite à la cuisse et on se contente de marcher vite pour le préserver (enfin, moi, à ce rythme, je cours !).

Arrivés à Choshuenco, nous apprenons que nous sommes les 1ers à rentrer ! Youhouuuuu, bonheur !!! Orgie à la petite auberge de l’assistance, et c’est reparti pour une liaision de 16km 400 D+ en vtt qui nous amène à la 2ème boucle en trek de 45km et 2200 de D+, vers le volcan Mocho et son glacier (non, Lio, c’est pas le moment de manger une glace !)

A nouveau, grosse montée sur piste de 12km, notre cap’tain est tranquille en montée avec sa tendinite, il fait jour à nouveau, et le temps est toujours plutôt bon. On a toujours la forme, et en fait, elle ne nous quittera pas, jusqu’à l’arrivée à Pucón. Petit loupé à l’approche de la 1ère « balise », où on perd un peu de temps, puis direction le glacier à 1900m. On tombe sur notre Pierrot, remonté à bloc, il nous annonce les seconds à quelques heures (4 ?), il est happy ! Nous grimpons comme des cabris et le photographe immortalise notre approche vers la balise du petit sommet. Nous savourons ces instants, le spectacle est magique tout autour de nous. Soin rapide des pieds et ça repart pour la suivante. Par chance, nous l’apercevons depuis le haut mais pensons à nos copains qui l’attaqueront dans le mauvais temps ou la nuit, une autre affaire... La suite est un retour identique à l’aller, pas super fun et assez long, dans cette descente où Lio ne peut toujours pas courir. On garde quand même un bon petit rythme, et Manu s’occupe en récoltant des mûres pour l’équipe dans un ziplock, il y en a tout le long de la piste, un régal !! Aux 2/3, nous tombons sur nos petits français, en chasse, peu de temps derrière Movistar. Ça fait plaisir de les voir ! On discute le bout de gras, et nous poursuivons notre chemin jusqu’aux vélos, puis l’assistance.

Manu nous dégotte une variante pour le retour au CP en vélo, avec environ 10 000m de D+ pour 16km... ! Lio, ne peut plus appuyer sur les pédales à cause de sa tendinite mais notre Niko, le bulldozer, se met en ordre de marche et l’aide dans la pente.

Nouvelle transition, nouvelle orgie, le chien s’écroule et s’endort, mais pour nous c’est le départ pour les 25km de raft sur le lac de Panguipulli. Laborieuse progression du fait de notre moyen de transport un peu saugrenu, mais on avance bien. Je gère les troupes à l’arrière avec Manu, les 2 de devant ont vite tendance à sortir la pagaie de l’eau!, et on sort une bonne dizaine d’idioties à la seconde, une vraie déferlante ! On se dirige droit sur les balises, sans perdre de temps. Au retour, la houle et le vent se lèvent, toujours pas de lampes en vue sur le lac, et après les 400 derniers mètres, encore 400, puis derniers 400, puis les bons vrais 400 derniers mètres, nous débarquons ! José est là aussi !

Cette fois, il est temps de dormir un peu ! On s’octroie le luxe d’une douche récupératrice et de dormir 1h30 dans un vrai lit que l’on à préalablement réservé avant de partir en bateau à l’auberge, dans nos tenues de vélo toutes propres.

Et hop, on quitte Choshuenco, sans pouvoir manger un vrai repas ce coup-ci car tout le monde dort, et on repart sur nos montures pour 120km et 2700 de D+. On entre dans la réserve naturelle. Ca grimpe fort, on pousse souvent dans les pistes, il y en a dans tous les sens, l’orientation n’est vraiment pas facile et ça caille en ce matin du 2eme jour !

On passe devant le PC2 avant le 1, ce qui nous vaudra un bon rab de dénivelé (c’est vrai que ça manquait !), et on part en chasse du CP1. On jardine un moment dans le froid, avant de se rendre compte que nous sommes descendus un peu trop bas. On le récupère enfin, puis retour sur le CP2, nous redescendons quasiment par le même chemin qu’a la montée pour aller chercher la boucle 3, 4, 5. On serre les dents pour ne pas s’arrêter pour s’habiller. Le PC3 est encore loin mais ça roule plutôt bien sur ces réseaux de pistes.

Et là, le drame ! Entre le 3 et le 4, nous nous embarquons sur une mauvaise piste non cartée, quasiment verticale !! Manu m’aide en poussant les vélos, ça grimpe comme jamais. Nous espérons trouver un peu de répit pour continuer vers un col, mais jamais la pente ne se calme. Il faut faire demi-tour, sur la carte ça colle mais quelque chose cloche, 1h voire plus de perdue ?!

Dans la descente, Niko nous dégotte le bon chemin, un peu masqué par la végétation et des arbres au sol, mais nous avons laissé beaucoup de jus ! Qu’importe, ça repart. Au CP4, pause miam à la cabane du CP pour récupérer un peu, car depuis le début de ce vtt, la faim est constamment présente pour nous tous, Lio nous sort son Comté et sa viande séchée sous vide, Manu sa crème roquefort, et on partage quelques vivres, le top !! Nous poursuivons notre route, croisons quelques alpagas en semi-liberté, je perds un peu le fil, l’hypo me guette et la pluie froide commence à tomber. Sur le retour, nous croisons Walhalla, et estimons avoir quelques 6h d’avance sur eux, l’un d’eux n’a pas l’air au mieux. Incroyable, nous n’en revenons pas ! Ca me réveille un peu, et Manu m’alimente car je manquais vraiment d’énergie, ce qui me remet sur pied pour de bon. Nous rejoignons le point d’assistance suivant trempés comme des soupes, et perdons un peu de temps à la transition le temps de nous réchauffer autour d’un feu en plein vent. Nous enfilons nos dernières affaires sèches pour le trek suivant (65km 2200m D+), puis repartons acheter quelques bricoles, et manger un bout de soupe et sandwich au chaud dans un restaurant au bord d’un lac, où Pierre nous retrouve. La nuit tombe. Et c’est reparti, sous des trombes d’eau. Cette fois-ci, ce sont 2 gentils chiens-raideurs qui nous accompagnent, l’un ouvre la marche, l’autre la ferme ! Très vite, ça monte, et c’est la cocotte-minute sous nos gore-tex ! Une pause s’impose pour retirer nos polaires ! Nous passons plus de 24h sur le trek suivant dans des conditions apocalyptiques, dans la réserve de Huilo-Huilo, le petit oiseau qui balise les sentiers. Après plusieurs heures nous trouvons un peu de chaleur dans le refuge fermé du parc où le propriétaire, Claudio, réveillé par ses chiens, nous offrira un moment de réconfort bien apprécié, mais nous n’avons plus grand chose à manger déjà, et nous ne pensons pas à profiter de ce moment pour dormir...erreur. Nous prenons le temps de sécher quelques affaires... et surtout de gérer au mieux la carte qui part en lambeaux, sans cet arrêt au chaud pour sauver la carte s’en était fini !  Nous prenons des photos de celle-ci comme on peut, ainsi que des postes à chercher et repartons un peu inquiets par l’orientation sur photo ! Après 30 minutes, je bascule dans un autre monde, envie de dormir ! Et Lionel passera plusieurs heures à me gérer, pendant que Niko et Manu nous baladeront dans ce qui m’a paru un dédale de chemins ! On perd pas mal de temps sur cette section, et encore un peu plus pour aller chercher la dernière balise, sur une passerelle improbable, où Manu testera toutes les pistes en descente avant de nous amener sur la bonne, alors que Niko est, lui, parti bien loin ! ... sans doute la faute à un manque de sommeil, plus beaucoup de nourriture sur nous, et les conditions dantesques qui rendent la navigation bien compliquée et éprouvante.

Qu’importe, nous rejoignons enfin la route qui nous amène à l’assistance, toujours en compagnie de nos 2 chiens. Stop dans un boui-boui pour recharger les batteries : chips, fromage, salami, avocats, bananes, et jus de fruit! Que ça fait du bien de manger à nouveau ! Nous reprenons vie !

Et voilà notre Pierre en Subaru ! Court échange pour nous donner une idée de l’avance supposée que nous avions en début de trek... les choses ont dû changer depuis ! 7km de route et nous voilà de retour au sac qui ne contient plus rien à manger, ni plus d’affaires sèches...

Nous décidons de prendre 3h de sommeil avant le vélo suivant. Nous allons alors perdre un temps fou à trouver un endroit où dormir, sans doute 1h de perdue ici pour chercher où dormir... nous demandons à l’organisation où nous pouvons dormir au chaud, car dehors le temps est apocalyptique. Ils nous emmènent tant bien que mal à l’entrée de l’hôtel hyper luxueux du coin… 280€ la nuit ! euh comment dire !!!!

Voyant notre désarroi c’est finalement Ximena, employée de ce même complexe hôtelier en pleine réserve de Huilo-Huilo, qui nous prêtera son petit studio-cabana pour dormir ! On lui saccagera son appart, sans pouvoir faire autrement, trempés et pleins de boue, mais pour la bonne cause (on y retournera après le raid pour la remercier !).

Nous n’entendons pas le réveil, et heureusement, elle vient nous réveiller 30-40 minutes plus tard ! Encore un peu de cafouillage au réveil pour rassembler les affaires et se remettre en marche, le ventre toujours un peu vide. Nous partageons ce qu’il nous reste à manger et buvons un peu de chaud avant de repartir.

Nous avons le sentiment d’avoir très mal géré cet arrêt dodo et d’avoir laissé échapper beaucoup de temps, cela à pourtant été bénéfique et réparateur.

Au départ de la section on nous annonce que nos poursuivants sont partis il y a 2h30 avec l’intention de trouver un endroit où dormir, nous sommes stupéfaits !!!

On fait vite le calcul, si cela s’avère vrai (ils sont en fait plusieurs heures derrière) ils ne sont peut-être pas encore repartis, mais dans nos têtes les cartes sont redistribuées.

Nous nous élançons survoltés sur les vélos pour 100km et 2400 de D+. Ca roule fort, très fort… bien décidés à grappiller du temps  Tout le début est l’ascension d’un col sur la route pour une bonne partie du dénivelé. Et ça envoie ! Ne sachant pas où sont nos poursuivants (qu’on nous a annoncés étant repartis avant nous pour aller dormir), nous donnons tout ! Au rythme où on va, on comprend vite qu’ils ne peuvent pas être devant, et derrière, nous n’apercevons toujours pas de lumières au loin. Ça commence à sentir bon ! Niko accroche Lio pour le soulager de sa tendinite, et Lionel serre les dents tout le long! Puis Manu vient en aide à Niko, et ce sont les 2 machines qui se mettent à tracter la 3ème machine en roue libre ! Moi, je me sens bien, et profite de ce rythme de dingue que nous avons, chose que je n’avais jamais vécue sur du long. C’est trop bon !!!

Arrivés au point le plus haut de notre ascension, il faut redescendre vers la balise, puis retrouver une piste puis des sentiers pour rejoindre la transition suivante. Encore beaucoup de flair de notre orienteur, et encore des bosses à n’en plus finir ! Mais nous rejoignons la transition !

Là, un seul membre de l’orga est présent, tout affolé ! Ils nous attendaient 3h plus tard !! Les cartes de la section suivante ne sont pas encore arrivées ! Nous sommes donc neutralisés 1h05, le pied ! (toutes les équipes le seront derrière nous) ! Nous retrouvons nos sacs 1 pour la 1ère fois et prenons le temps de nous enfiler quelques empanadas !

Notre transition est rapide et nous nous posons un peu au coin du feu en attendant. Les cartes sont là. On nous annonce qu’une balise a été supprimée sur le trek du Villarica car trop engagée au vu des prévisions météo, et nous ne le savons pas, mais ce sont près de 70km (et non 50 !) et 2500 de D+ qui nous attendent, pour près de 20h de course... dommage ça nous aurait permis d’emporter un peu plus à manger !

Nous repartons, toujours plein d’énergie, pour ce qui s’annonce malgré tout une grosse bambée. Nous progressons d’abord dans la forêt, puis sur les pentes de lave du volcan, où Niko et Manu nous choisissent un itinéraire au top. Nous crapahutons, dans notre élément, et prenons le temps de faire photos et vidéos. On se régale ! Certains passages sont un peu engagés, il ne faut pas tomber, mais la météo est avec nous et on est bien ! Je déguste mon 2ème empanada et nous atteignons le premier poste après 6h à un bon rythme. L’orga nous attend et nous annonce alors qu’une balise vient d’être rajoutée, de l’autre côté du volcan, il faudra donc en faire le tour, c’est une bonne chose ! Les pieds de nous tous commencent à chauffer, nous sommes obligés de vider régulièrement nos chaussures, et nous faisons une pause pour les soigner un peu avant de repartir rapidement vers le second poste. Niko a la carte depuis quasiment le début de la section, et se débrouille comme un chef! Le chemin jusqu’à la dernière balise est long, très long. Nous enchainons une infinité de rentrants, invisibles sur la carte, ça n’en finit pas. On devient tous un peu fous... surtout moi ! C’est un truc de dingue ces rentrants, et le dénivelé qui s’ajoute à chaque fois! Mais on garde un rythme soutenu, sans jamais lâcher. Enfin, nous parvenons à la dernière balise. Enorme soulagement au sein de l’équipe... et mini pause pour dévorer les 3 bricoles qu’il nous reste à nous partager... la route est encore longue jusqu’à l’AT... je m’endors par intermittence, mais nous décidons de continuer pour terminer la section, ne sachant toujours pas où sont nos poursuivants. Lionel me donne la laisse, pour ne pas décrocher et garder le rythme. Cette nuit-là est magique, le ciel est clair, c’est la pleine lune, nous éteignons nos frontales quelques minutes, et profitons de cette ambiance incroyable, le Lanin et Chushuenco en toile de fond,  le cône blanc du Villarica fumant et bien éclairé a son sommet par la lave en fusion derrière nous. Des frissons nous parcourent.

Nous traversons un campement de tentes, c’est un peu irréel, après des heures et des heures sans croiser personne, et continuons notre route qui grimpe encore, mamelon après mamelon. Enfin, nous parvenons au point haut, où il ne nous reste plus qu’à redescendre sur le CP.... mais ce n’est pas une mince affaire. Nous sommes tous affamés, nos dernières graines ont été partagées en 4, la fatigue se fait sentir. Je vais mieux, mais Niko a décroché un peu maintenant et dors debout ne sachant s’il rêve ou non. Nous retrouvons la forêt, et prenons une mauvaise piste. Nous devons rebrousser chemin, remonter la pente, et nous retombons enfin sur la bonne piste. Nous sommes dans un état second.

En pleine forêt, toujours de nuit, nous tombons sur notre Pierre, frontale vissée sur la tête! Nous avons peine à y croire ! Il nous encourage, nous félicite, et en un éclair disparait ! La fin jusqu’à l’AT parait interminable ! A l’approche de la transition, nous croisons Ecuador Movistar en partance pour le trek... le temps se gâte, il pleut de nouveau. Nous leur prodiguons quelques conseils, ils rebroussent chemin pour reprendre à manger et revoir leur sens de progression, et enfin, enfin !, pour nous, c’est la délivrance !

A l’arrivée, nous tombons sur Trail del Viento au coin du feu, qui n’ont pas l’air au mieux, l’un d’eux ne peut plus repartir visiblement. L’orga nous annonce qu’au vu des conditions, la barque de l’arrivée doit être annulée, en effet c’est maintenant des trombes d’eau qui s’abattent sur toute la région…(yahouuuuuuuu !) et que nous sommes arrêtés 1h avant de pouvoir repartir sur la dernière liaison en vélo, 20km de descente sur la route, une formalité !

Là, ça sent vraiment bon ! Je m’attends toujours à voir débouler Walhalla d’une minute à l’autre, les garçons savent que c’est impossible. Nous commandons de nouveau des empanadas et finissons tout ce que nous trouvons à manger. Manu (de force !) et Niko en profitent pour se reposer, Lio et moi, sommes dans l’attente de repartir, toutes nos affaires sont prêtent.

Allez ! C’est le moment ! Nous enfilons tous nos habits sur nous pour affronter la tempête et go ! Plus qu’à dérouler jusqu’à l’arrivée, en 2 coups de pédales et quelques éclaboussures, nous savourons ces quelques kilomètres a faible allure bien conscients que nous touchons au but.

Nous entrons enfin dans Pucon et retrouvons l’effervescence de cette petite cité balnéaire pour Chilien aisés, et laissons éclater notre joie ! Nous débouchons devant l’hôtel par la plage face au lac, cette fois, ça y est, c’est sûr, nous l’avons fait !!!! Victoire sur une manche ARWS !! UN TRUC DE DINGUE !!!

La suite est lapidaire : quelques félicitations, 2-3 photos dans le hall de l’hôtel, tout dégoulinants, le trophée (un bout de verre avec un autocollant qui prend l’eau), merci-au revoir ! Pas de repas ni de cérémonie de clôture, mais ce n’est pas grave, nous ne sommes pas venus à l’autre bout du monde pour cela, ce que nous sommes venus chercher ici nous venons de le réaliser à l’instant….

Nous organiserons un petit resto avec les autres équipes et notre José international plus tard!

Pour finir, ce looooong récit (pardon !), à l’image de cette course (environ 680km calculés et 16 700m de D+), je voudrais féliciter nos copains de Raidsaventure.fr Ardèche qui ont mené une superbe course, bien différente de la nôtre, en mode survie, et n’ont rien lâché pour aller chercher cette belle 3ème place ! Et remercier infiniment notre belle étoile, Pierre-Olivier, qui a été extraordinaire tout au long de cette aventure, une aide financière mais pas que, un énorme soutien psychologique indéniable !! Ainsi que mes 3 fabuleux équipiers, avec qui j’ai vécu ces moments de fou. Jamais je n’avais réalisé une telle course sur un format long, jamais une telle synergie, un tel rythme du début à la fin, une telle volonté sans faille, nous avons réalisé une course incroyable, gérée de superbe façon, et avons profité de chaque instant, sans jamais rien regretter, nous avons tout donné jusqu’au bout, nous sommes entraidés de la plus belle des manière, pour finir avec plus de 10h d’avance sur Walhalla Expedicion Guarani, une équipe de champions. Nous avons encore peine à y croire, mais nous allons savourer, savourer, savourer.... et garder les yeux qui brillent... jusqu’en Australie!!! Merci aussi à vous tous qui nous avez portés depuis votre PC, à nos soutiens DSN74 et HOKA One One, et à tous nos proches qui nous supportent au quotidien, parce qu’on sait tous que ce n’est pas facile tous les jours, mais des moments comme ceux-là valent bien quelques sacrifices !! MERCI !!!

Fanny F